La politique ukrainienne n’est jamais avare de surprises, et le retour sur le devant de la scène de Viktor Medvedtchouk, à l’aube d’une année électorale cruciale – présidentielle en mars 2019, législatives en octobre –, n’est pas des moindres. Pour les Ukrainiens, un seul mot résume M. Medvedtchouk : cet oligarque ukrainien de 64 ans, figure honnie à Kiev, est le koum de Vladimir Poutine. Autrement dit, le président russe est le parrain de sa fille. Dans la culture très clanique qui caractérise l’espace post-soviétique, le terme sous-entend des liens de loyauté et d’amitié qui vont au-delà de cette attache formelle.
Décrit depuis des années comme « l’agent de Poutine » en Ukraine, Viktor Medvedtchouk est un habitué des arrangements de coulisses, des négociations secrètes à la lisière des affaires et de la politique. Il entend désormais défendre au grand jour son agenda favorable à la Russie, précisément à l’heure où le conflit entre Kiev et Moscou s’embourbe.
M. Medvedtchouk a rejoint durant l’été le parti Za Jittia (Pour la Vie) fondé par Vadim Rabinovitch, une autre figure du camp prorusse, et ambitionne de le conduire lors des échéances électorales à venir. « En comptant les autres partis qui ont des positions proches des nôtres, nous représentons potentiellement 30 % à 35 % de l’électorat », assure M. Medvedtchouk en recevant Le Monde, mi-septembre, dans son bureau ultra-sécurisé où la télévision est allumée sur la chaîne Rossiya-24. Conscient de son impopularité, M. Medvedtchouk, muscles saillants comparables à ceux de son ami du Kremlin, ne prévoit pas de se présenter personnellement à l’élection présidentielle.
Les positions défendues par son parti tranchent avec celles, très anti-Moscou, des ténors de l’élection à venir, à commencer par le sortant Petro Porochenko et la revenante Ioulia Timochenko : pour de bonnes relations avec Moscou, pour « la paix dans le Donbass », contre…