21 novembre, 2024
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Le pouvoir des habitudes locales dans le changement de comportement

Beaucoup de stratégies déployées par les projets et programmes de développement en vue d’un changement de comportement des groupes ciblés par leurs interventions échouent avec fracas.  De même, les initiatives des ONG et des politiques publiques connaissent généralement des écarts énormes entre ce qui était prévu et ce qui a été effectivement réalisé. Et pour cause, les experts viennent de l’extérieur avec dans leurs mallettes, des recettes toutes faites. Il s’agit de ce que Olivier de Sardan (2021) a appelé « les modèles voyageurs », qui, méconnaissant les « normes pratiques » implicites qu’une observation du terrain pouvait mettre en évidence, butent à la revanche des contextes de mise en œuvre.

Dans le monde du développement, nombreux sont des experts très pressés de faire une annonce tonitruante, de réunir le village et de formuler des recommandations sur le nouveau comportement à adopter. Ils conçoivent des kits et se lancement ainsi dans de vastes campagnes de sensibilisation sur le bienfondé de leurs approches, comme si avoir des connaissances sur un fléau ou une pratique suffisait à changer de comportement. Nous connaissons d’ailleurs tous des conseillers matrimoniaux qui sont divorcés et des nutritionnistes qui sont obèses.

Ce faisant, ces experts considèrent plutôt les cultures locales comme des ennemis du développement. Au lieu de chercher les façons les voir plutôt comme une force et non une barrière, ils se battent plutôt pour implanter sur le plan local un système importé d’un autre contexte et, sont surpris que les résultats ne suivent pas. Or à regarder de près, il existe pourtant des points positifs dans les relations de pouvoir au village, les normes culturelles et les pratiques sur lesquels l’on peut bâtir une programmation en termes de changement de comportement. L’approche de déviance positive (PIN, 2019)  s’appuie effectivement sur les comportements positifs déjà existants chez les bénéficiaires des interventions. Il s’agit d’une méthode consistant à exploiter les éléments prometteurs (Chip & Dan, 2012) afin d’éviter les problèmes que poserait une solution importée. L’expérience de Sternin sur la malnutrition au Vietnam (Chip & Dan, 2012) a montré que cette approche consistant à identifier les éléments prometteurs déjà existants dans la culture locale était porteuse de beaucoup de fruits en termes de changement de comportement.

Dr. Robert DEMANOU

Socio-politiste/Expert International en Communication pour le Changement Social et Comportemental. Coach en Développement personnel et Personal Branding (Certifié PNL).

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