Pour l’historienne Maud Chirio, spécialiste du Brésil, le favori du second tour de la présidentielle au Brésil considère que la dictature militaire des années de plomb n’est pas allée assez loin en matière de répression.
Maud Chirio est historienne du Brésil et maîtresse de conférence à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Auteure d’une thèse sur les années de plomb, entre 1964 et 1985, elle explique les liens étroits entre le candidat d’extrême droite à la présidentielle, Jair Bolsonaro, et la dictature militaire, dont il revendique les aspects les plus violents. Elle souligne aussi le danger que représente, pour l’environnement et en particulier pour l’Amazonie, l’arrivée au pouvoir d’un homme qui assure vouloir armer la population et donner libre cours à l’agronégoce.
Quel aspect de la dictature de 1964-1985 Jair Bolsonaro reprend-il à son compte ?
Maud Chirio : Depuis trente ans, il existe un discours de la droite qui reconnaît que des excès ont été commis, tout en minimisant leur gravité. Le discours de Bolsonaro, lui, est bien pire : il regrette que la dictature ne soit pas allée plus loin. Il valorise la répression, les figures de tortionnaires tels que Carlos Alberto Brilhante Ustra, qui, à la tête de l’organisme civil et militaire de Sao Paulo, l’organe le plus meurtrier durant les années de plomb, a été responsable de soixante et onze morts et disparitions, sur les cinq cents causées par la dictature.