27 juillet, 2024
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Dr. Paul Fokam : « La justice est un caillou dans la chaussure de l’entrepreneur africain »

Chercheur en Science de gestion et cultures africaines et co-auteur de l’ouvrage  Deux capitaines d’industrie se racontent, paru aux Editions Afrédit en 2019,  le Dr. Paul Kammogne Fokam était l’invité de Vox Africa. Aux nombres des questions qui ont émaillé cet entretien, cinq centres d’intérêt ont retenu l’attention de Baobab-Actu.

La justice est-elle un frein pour l’épanouissement de l’entreprise en Afrique ?

Sans  vraie justice, il est impossible d’avoir un bon business. Le rôle de la justice est de rétablir l’équité. Or dans beaucoup d’Etats africains, cette justice est corrompue,  ne permettant pas ainsi aux entreprises de réaliser leur plein épanouissement. Bien avant au Cameroun, le titre foncier était inviolable. Mais de nos jours, on l’annule facilement comme un jeu. Ce qui est regrettable. Lorsque la justice donne des jugements biaisées et inapplicables, aucune économie ne peut prospérer. Il y a urgence à reformer la justice dans la plupart des pays africains pour permettre aux économies d’avancer.

Le Franc CFA  est-il une monnaie africaine, comme veulent faire croire certains ?

Parmi les éléments fondamentaux de la souveraineté nationale d’un pays, trois sont essentiels à savoir : la monnaie, le drapeau et l’hymne nationale. C’est dire que pour être indépendant, un pays doit forcément avoir ces  trois attributs. Et tant qu’un pays n’a pas sa monnaie, il ne peut se prétendre être indépendant.

Si le Franc CFA était  la monnaie des africains, chaque pays aurait son propre gouverneur à la tête de sa banque centrale. Le gouverneur de la banque centrale de France n’est pas celui de la banque centrale européenne, comme l’est celui de la BEAC pour les pays de l’Afrique Centrale. Quel pays de l’Afrique francophone a un gouverneur pour sa banque centrale? Or on devrait avoir  un gouverneur supranational et des vices gouverneurs dans chaque pays pour tenir compte des spécificités des contextes.

Est-ce possible pour un pays d’Afrique francophone de battre sa propre monnaie ?

Bien sûr que oui. Chaque pays de l’Afrique francophone peut bien battre monnaie. En dehors des pays de la zone franc, tous les autres pays africains ont leurs monnaies. Même les petits pays comme Sao tomé et Principe, le Cap vert ou la Gambie ont leurs monnaies.  Donc, les pays africains francophones peuvent aussi avoir leurs monnaies.

Pensez-vous que les pays africains peuvent aussi avoir des monnaies puissantes sur le plan international ?

Les pays africains sont mieux placés que tout autre dans le monde  pour avoir des monnaies  puissantes sur le plan international. Puisque 90% de pays africains ont de l’or, du diamant et bien d’autres minerais, cela veut dire qu’ils peuvent stocker de l’or dans leur banques centrales en garantie et créer une monnaie qui fait courir tout le monde. Pourquoi vendre de l’or alors qu’on peut le stocker en garantie pour une monnaie papier ? Nous avons même des métaux précieux que les gens viennent chercher pour faire prospérer leurs industries, mais nous sommes incapables de transformer ces métaux en monnaie papier pour attirer les investisseurs.

Quel est votre avis sur le passage du FCFA à l’Eco avec la suppression du compte d’opérations auprès du trésor français, le retrait des administrateurs français dans les instances de la BCEAO mais avec le maintien de la parité fixe à l’Euro et de la garantie de la France?

Mon avis est simple. C’est blanc bonnet, bonnet blanc. Est-ce que la France a besoin de garantir la monnaie alors que l’Afrique a toutes les garanties pour sa monnaie. L’Afrique a de l’or, du diamant et bien d’autres formes de ressources. Comme j’ai l’habitude de le dire, l’Afrique est un mendiant assis sur une mine d’or. La France n’a ni or, ni argent pour garantir  une monnaie. La garantie offerte par la France est simplement une fiction.

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