Le goût de la couture est clairement un héritage familial pour Marlène Ngalula Beya qui, à la base, est ingénieure en bâtiments et travaux publiques. CEO de Marly Creations, au cours de cet entretien, elle nous a raconté son histoire: ses débuts dans l’entrepreneuriat ainsi que les difficultés rencontrées….
Baobab-actu: pouvez-vous vous présenter et nous parler votre parcours dans l’ entrepreneuriat ?
Marlène Ngalula : Je suis une jeune femme congolaise, entrepreneur dans le domaine de la mode et couture. Je n’ai pas fait d’études de la couture , j’ai plutôt fait les bâtiments et travaux publiques à l’INBTP qui était le choix de mon père.
Bien que la mode me passionnait déjà depuis mon enfance , je voulais plutôt faire soit le droit , soit la communication mais pour plaire à mon père, j’ai fait les BTP
Comme je l’ai dit au début, je n’ai pas appris la couture à l’école mais c’est grâce à ma maman. Déjà très jeune, j’aidais ma mère à doubler des vêtements, à faire ses achats , à tracer quand elle faisait la coupe! Il faut dire que ma mère a elle aussi hérité ça de ma grand-mère et cette dernière de mon arrière grand-mère donc la couture , est un héritage familial pour nous, ma jeune sœur aussi sait coudre…
Parlant de mon entreprise , tout a commencé en 2020 grâce à la commande d’un oncle qui voulait 3 chemises. J’ai décidé d’exploiter ce don qui sommeillait en moi mais je n’avais rien, même pas de machine . À Kinshasa j’utilisais la machine d’une amie à ma petite sœur. En même temps, je faisais des économie pour avoir ma propre machine.
En 2021 je tombe enceinte, je suis donc partie à Kananga chez mes parents et là-bas j’utilisais la machine de ma mère, jusqu’à ce que j’achète ma propre machine, une année après donc en 2022.
En janvier 2023, j’avais pris la décision de revenir à Kinshasa étant donné que la majorité de mes clients sont ici . Vue que la demande devenait de plus en plus forte j’ai décidé de matérialiser mon projet, j’ai donc lancé mon atelier de couture et engagé un personnel.
Baobab-actu: Quels sont les principaux services que Marly Créations propose?
Marlène Ngalula : Pour sortir du commun, je me suis focalisée sur la couture des tenus avec fil élastique! Grâce aux tutoriels YouTube, j’ai vite perfectionné ce style . Ces vêtements sont mieux vendus ici au pays ou ailleurs, je le dis par expériences.
Nous sommes aussi dans la formation des jeunes filles qui désirent apprendre la couture. Marly Créations forme même gratuitement! J’ai reçu gratuitement je donne aussi gratuitement il suffit juste que la personne manifeste la volonté d’apprendre.
Baobab-actu: quelles ont été les principales difficultés lors de la mise en place de votre projet ?
Marlène Ngalula : Le faible commencement n’est pas toujours accepté par tous! Au début c’était pas facile de gagner la confiance de tout le monde mais je faisais de mon mieux pour convaincre et persuader ma cible grâce notamment au respect de mes engagements vis-à-vis des clients , mon ami et mon jeune frère m’aidaient à faire la livraison et aujourd’hui j’ai fidélisé ma clientèle, nous recevons minimum 10 commandes par semaine. Les réseaux sociaux m’ont aussi beaucoup aidée, j’avais des comptes dans quasiment toutes les plateformes, ce qui m’a permise de toucher un grand nombre de personnes en un lapse de temps.
En plus de cela , il est aussi important de savoir qu’entreprendre en République démocratique du Congo n’est pas du tout facile , entre le loyer et le personnel à payer, il y a aussi des taxes illégales qui pénalisent les entrepreneurs dans la réalisation de leurs projets. C’ est à cause de ces tracasseries que j’ai finalement fermé mon atelier et ai décidé de travailler à la maison parce qu’à la fin, mes dépenses mensuelles n’étaient pas proportionnelles à mon revenu. Je ne gagnais rien au final!
Baobab-actu : Un message au gouvernement congolais par rapport à cette problématique des taxes illégales ?
Marlène Ngalula : Je demande aux autorités de revoir les taxes car ça ne permet pas d’avancer! Imaginez , si je ferme mon projet ici l’autre ferme là-bas , le taux de chômage va augmenter, la délinquance juvénile reprendra surface, les mariages précoces n’en parlons même pas ! Donc il faut des réformes dans ce secteur
Marlène Ngalula appelle donc les autorités habilitées à supprimer toutes les taxes illégales perçues par des services publics afin d’assainir l’environnement entrepreneurial congolais
Entretien réalisé par T.D