23 novembre, 2024
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Beaudelin Dongmo : « Nous revenons de New York avec plus de 700 engagements autour du programme d’action mondial pour l’eau »

DONGMO NGUEGANG Beaudelin est un Expert en Gouvernance et Politiques Publiques, spécialiste des politiques de l’eau. Il est Doctorant à l’Université Catholique d’Afrique Centrale et prépare une thèse de Doctorat PhD en Sciences Politiques sur la Décentralisation et les politiques locales d’approvisionnement en eau dans la Région de l’Ouest.

Sur le plan professionnel, il assure le Secrétariat Permanent du Réseau Alliance pour la Maitrise de l’Eau et de l’Energie (AME), qui un réseau national des OSC camerounaises intervenants dans le secteur de l’eau, assainissement et énergie au Cameroun et dont le siège est dans la ville de Bafoussam. Il a à son actif depuis qu’il est en fonction dans cette organisation au moins 3 initiatives réussies dans le plaidoyer pour l’amélioration des conditions d’accès des citoyens à l’eau et assainissement. Il est par ailleurs le concepteur et le promoteur du Forum Régional des Acteurs de l’Eau de l’Ouest Cameroun, qui fait aujourd’hui la fierté de toute une Région.  Il vient de séjourné à New-York aux Etats Unis où il a participé du 22 au 24 mars 2023 à la Conférence des Nations Unies sur l’eau. Baobab Actu l’a rencontré à sa descente d’avion à l’aéroport international de Douala. Entretien.

  • C’est quoi le Conférence des Nations Unies sur l’Eau ?

La Conférence des Nations Unies sur l’Eau est cette rencontre au sein des Nations Unies pour échanger et adopter des solutions en vue de l’amélioration des conditions d’accès à l’eau et à l’assainissement de tous et de toutes.

La conférence réunit des chefs d’État et de gouvernement, des ministres et des parties prenantes de tous les secteurs pour atteindre ensemble des objectifs convenus au niveau international, notamment l’Objectif de développement durable 6 du Programme 2030 des Nations Unies pour un avenir plus juste qui vise à assurer l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène pour tous.

La présente conférence se tient plus de quatre décennies après la dernière conférence tenue en 1977. Elle est une initiative prise le Pays Bas et le Tadjikistan dont l’ambition est de faire une évaluation à mi-parcours de la décennie pour l’eau 2018- 2028. Elle est également selon ces initiateurs, l’occasion d’encourager les États membres, les parties prenantes et le secteur privé à s’engager dans des actions urgentes pour relever les défis actuels de l’eau.

Beaudelin Dongmo, ici dans le hall de la conférence des Nations Unies à New York
  • En tant que représentant de la Société Civile camerounaise du secteur, quelle a été votre contribution à cette rencontre ? En d’autres termes, votre participation en valait-il vraiment la peine ?

La participation de Alliance pour la Maitrise de l’Eau et l’Energie (AME) à cette conférence au siège des Nations s’inscrit dans le cadre de la mobilisation et de l’accompagnement des collectifs des organisations de la Société Civile africaines membres de l’Alliance d’Afrique Francophone pour l’Eau et l’Assainissement pour porter un plaidoyer à haut niveau avec une voix des OSC de la sous-région forte et crédible.

A cet effet, nous avons travailler avec acharnement auprès des autres organisations de la société civile du monde entier pour la signature et la remise aux organisateurs de la conférence d’un manifeste pour la justice de l’eau. Il prescrit d’ailleurs dans l’un de ses principes l’approche pour la résolution de la crise de l’eau, à travers le dépassement du cadre multilatéral actuel précaire de l’ONU en s’orientant vers une gouvernance capable de relever les défis, en établissant un mécanisme intergouvernemental permettant la tenue régulière de consultations sur l’eau et l’assainissement, ainsi que des mécanismes spécifiques de suivi des engagements pris, auxquels les sujets et les détenteurs de droits humains participent pleinement, efficacement et de manière significative.

Il a été également question pour nous d’adhérer entièrement et accompagner le plaidoyer porté par la « Coalition Effet Papillon » qui réunit plus de 140 ONG et OSC dont nous sommes point focal pour le Cameroun. La recommandation forte qui émerge du Policy Paper est de :  « Veiller à ce que l’envoyé spécial des Nations unies pour l’eau, nommé par le secrétaire général des Nations unies, ait pour mandat politique de renforcer la gouvernance internationale de l’eau et à ce que des représentants de tous les grands groupes fassent partie de ses conseillers ».

  • Quels sont à votre avis les principaux résultats que le monde entier aurait engrangé à la clôture de trois jours de travaux au siège des Nations Unies à New York ?

Notons que dans le cadre du format conventionnel des conférences des Nations Unies, qui ne sont pas le seul apanage des chefs d’Etats et de Gouvernement, l’on n’abouti généralement pas à un document officiel engageant et pour lequel, les Etats signataires ont obligation de respecter. Cette conférence s’est tout de même achevée avec l’adoption du Programme d’action pour l’eau. Ce plan d’action « historique » contient plus de 700 engagements visant à favoriser la transformation vers un monde où l’eau est en sécurité.

En effet, lors de la cérémonie de clôture, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné que les engagements pris à cette conférence propulseront l’humanité « sur la voie d’un avenir où la sécurité hydrique sera assurée pour chacun et chacune d’entre nous. ».

Au niveau européen, par exemple, l’Union européenne (UE) s’est engagée à soutenir l’accès de 70 millions de personnes à une source d’eau potable améliorée et/ou à des installations sanitaires d’ici 2030. L’UE soutiendra également les États membres avec un financement de 20 millions d’euros pour accélérer le déploiement de la surveillance des eaux usées pour le COVID-19.

La multinationale française DANONE lancera un fonds de financement mixte afin de permettre à 30 millions de personnes dans le besoin d’avoir accès à de l’eau salubre tous les jours.

Une attitude lors des travaux en plénière
  • Quelles sont les perspectives pour vous en tant que leader du réseau camerounais pour l’eau au lendemain de cette conférence ?

Sur la base du programme d’action pour l’eau, pour lequel des engagements de divers ordres ont été pris, nous allons inscrire dans l’ordre de nos priorités pour les années futures le suivi de la mise en œuvre des engagements. Nous comptons à cet effet, à travers la mobilisation d’autres parties prenantes sur le Cameroun nous assurer auprès de la Commission de l’Union Européenne pour la Cameroun de l’implémentation de l’engagement à travers les programmes prioritaires pays qui devront être lancés.

Aussi, nous comptons à travers le Forum des Acteurs de l’Eau de la Région de l’Ouest qui regroupe tous les acteurs du secteur et qui prépare l’organisation de sa deuxième édition dans la Commune de Bangangté au mois de septembre 2023 formuler des propositions concrètes pour adresser la question de l’amélioration des conditions d’accès à l’eau potable et à l’assainissement au Ministère de l’Eau et de l’Energie du Cameroun, qui à cette occasion de la conférence des Nations Unies n’a pas dénié prendre d’engagement. Nous comptons tout de même garder la flamme ardente pour que les acteurs maintiennent le sens de la collaboration et de la participation active pour le suivi de la mise en œuvre de l’ODD 6 pour le Cameroun.

Réalisé par Robert DEMANOU

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