27 juillet, 2024
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Leopold Djomo : « Les managers ont souvent peur de l’audit. Voici pourquoi »

Léopold Djomo

Associé, Directeur des Opérations du Cabinet AGESFO Sarl RDC, Rwanda et Burundi, Leopold Djomo est certifié en Audit et Contrôle légal des comptes de l’INTEC de Paris. Il est aussi titulaire d’un Master en Management de projet de la Fondation Mercure de Tunis et d’un diplôme de Licence en Sciences de Gestion financière de l’Université de Dschang au Cameroun. Il dirige le Cabinet AGESFO RDC depuis 2009 jusqu’à ce jour en passant par la Direction Générale du même cabinet au Cameroun qu’il a intégré en 2000. Avant son arrivée à AGESFO, il a été comptable et financier et consultant auprès de plusieurs ONG de développement au Cameroun. Il compte à son actif plusieurs missions d’audit, d’accompagnement, de formation et de conseil auprès des responsables organisations comme chef de mission. C’est cet expert spécialisé en audit comptable et financier, en Management des projets et des organisations que la Rédaction de Baobab Actu rencontré pour lever un pan de voile sur la mission de l’auditeur dans les entreprise. Entretien.

Beaucoup  de personnes ne comprennent pas encore l’importance de l’audit pour une entreprise. pouvez-vous nous édifier? 

Je vous dirais que l’audit vise à rassurer les propriétaires et partenaires de l’entreprise qu’il existe un bon système de contrôle interne efficace et fonctionnel. Cela veut dire que les processus de l’entreprises sont mis en œuvre en conformité des normes, des politiques et procédures opérationnelles adoptées. L’audit détecte les défaillances  et suggère les améliorations à mettre en œuvre pour que l’entreprise son activité de façon durable.

L’arrivée d’un auditeur à toujours suscité une peur bleue chez les managers. Peut-on savoir pourquoi ?

L’auditeur externe, à la fin de sa mission se prononce sur l’exactitude, la régularité et la sincérité de la tenue des comptes en confirmant que les résultats et les états financiers reflètent une image fidèle des opérations réalisées au cours de l’exercice.  Il va sans dire que les managers indélicats à la veille d’une mission d’audit auront peur que l’auditeur découvre et mette à nu leurs fautes de gestion à travers une opinion négative soit sur les comptes et états financiers annuels ou sur ses mauvaises pratiques de gestion. Ils ont peurs que les erreurs volontaires ou involontaires, les malversations et fraudes de tout genre qu’ils auraient soient décelées et exposées par l’auditeur.

Quelle est la différence entre audit, inspection, contrôle et évaluation?

L’audit est un examen indépendant des opérations  et des activités d’une entité en vue  de déterminer si elles sont en conformité avec les dispositions préétablies, lesquelles dispositions sont mises en œuvre de façon effective et  sont aptes à atteindre les objectifs de création des valeurs.  Il peut être fait par un personnel de l’entreprise « Audit interne » ou par un professionnel externe à l’entreprise (Audit externe). En bref l’auditeur constate les anomalies et fait des recommandations les corriger.

L’inspection va plus loin que l’audit, car elle examine/observe de près et avec attention les faits et identifie les actions à mettre en œuvre pour éviter ou éliminer les risques ou les dangers potentiels ou réels. En plus des recommandations, l’inspecteur propose des mesures disciplinaires ou des sanctions à appliquer en cas d’anomalies. Ce qui ne relève pas de la responsabilité de l’auditeur.

Le contrôle a pour but est de repérer les erreurs et de prendre des mesures correctives. Il compare les coûts et les résultats obtenus par rapport aux normes et aux conditions demandées ou préétablies. Il dégage les écarts entre ce qui était prévu et ce qui est effectué.

L’évaluation vise à mettre en évidence les effets de ce qui a été réalisé. L’évaluation mène une réflexion sur ces effets et estimer sa valeur. Les constatations de l’évaluation permettent de tirer des enseignements les améliorer les actions futures. L’évaluation est menée sur la base des critères tels que la pertinence, l’efficacité, l’efficience, la durabilité…. etc.

Quelles sont les fautes courantes relevées par les auditeurs en RDC?

Je ne saurai généraliser. Ce que je peux dire à partir de nos expériences au cours de nos différentes interventions en entreprises  plus particulièrement dans les projets et ONG les fautes récurrentes tournent autour :

  1. De l’absence d’un contrôle interne approprié ou efficace. Quand il en existe, il n’est pas respecté ou ne fonctionne presque pas. Le manuel des procédures par exemple lorsqu’il existe est une copie collée, pas adapté à structure et activités de l’organisation. Il n’est diffusé pas donc est méconnus par l’ensemble du personnel. Le manuel est fait pour soigner l’image de l’organisation auprès des bailleurs de fonds. Il ne sert pas d’instrument de pilotage et de prise quotidienne de décision. C’est un instrument de tromperie.
  2. Du profil inapproprié du personnel occupant les postes clés. Par exemple au poste de comptable ou de financier, on retrouve des personnes n’ayant aucune culture financière qui n’ont aucune connaissance de base en comptabilité. La comptabilité est limitée à quelques tableaux Excel. Un personnel qui ne sait pas ce qu’on appelle un compte pour ne pas parler du débit et crédit. Un personnel financier qui croit que c’est l’auditeur qui doit produire les états financiers. Ce type ne personnel ne sait pas l’utilité d’un logiciel pour la tenue de sa comptabilité.
  3. La qualité inappropriée des pièces justificatives des dépenses et des recettes. La pratique de fausses factures est presque-généralisée.

Quels conseils donnez-vous aux managers d’entreprises pour recevoir une mission d’audit sans crainte?

Pour que les entreprises cessent de stresser à l’annonce d’une mission d’audit, je leur conseille de faire simplement les choses justes comme il se doit c’est-à-dire conformément aux normes et procédures mises en place et cela dans le respect du temps et des délais. Etant donné que l’audit repose essentiellement sur la comptabilité, les chefs d’entreprise doivent s’assurer d’une bonne organisation du leur service comptable, de la tenue régulière de la comptabilité, de la production des états financiers périodiques accompagnés des commentaires sur les comptes. L’atteinte de cet objectif dépend de la qualité des outils comptables utilisés et de la compétence du personnel du service comptable et financier.

Propos recueillis par RD

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