En accusant Paris de continuer à appauvrir les pays africains, Luigi Di Maio, le vice-Premier ministre italien souhaite que l’Union Européenne prenne des « sanctions » contre les pays, en commençant par la France qui, « appauvrissent l’Afrique » et qui sont selon lui, responsables de la montée de la vague migratoire vers l’Europe.
Pour la deuxième personnalité du gouvernement italien, la place des africains est en Afrique et non en méditerranée. « Si aujourd’hui il y a des gens qui partent, c’est parce que certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains« , a insisté Luigi Di Maio, chef politique du Mouvement 5 Etoiles (M5S) qui gouverne avec l’extrême droite. Continuant ses propos, Luigi Di Maio, qui est aussi ministre du Développement économique, pointe de doigt l’usage du franc CFA comme principale arme d’appauvrissement des africains car poursuit-il : «il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies et avec cette monnaie finance la dette publique française », avant d’ajouter : « Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique« .
Une déclaration qui a résonné comme une bombe larguée sur Paris. L’on se souvient que le 12 juin 2018, lorsque l’Italie avait refusé d’accueillir « Aquarius » avec 629 migrants à bord, Emmanuel Macron avait dénoncé «la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien». Au cours des questions au gouvernement à l’Assemblée le 12 juin 2018, le Premier ministre Edouard Philippe a ajouté que «Nous sommes prêts à aider les autorités espagnoles pour accueillir et pour analyser la situation de ceux qui pourraient vouloir bénéficier du statut de réfugiés». La sortie du vice-Président italien du conseil des ministres sur la responsabilité de la France dans les migrations vers l’Europe sonne donc comme une réponse du berger à la bergère. Courroucé par les propos de Rome, le Quai d’Orsay a convoqué l’ambassadrice d’Italie Teresa Castaldo. Paris juge «inacceptables» les propos de Luigi Di Maio. Les tensions entre la France et l’Italie sur la question migratoire sont devenues monnaie courante. L’on se rappelle qu’en octobre 2018, c’est Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur et chef de file de l’extrême droite qui exigeait de Paris des «réponses claires, rapides et sans équivoque» après que les gendarmes français aient reconduit des migrants en Italie.